Je ne portais pas mon revolver. Ils m’avaient dit que ça allait être facile et, comme un idiot, je les avais crus…
Je me rappelle encore qu’ils me disaient alors :
“dans cet atelier-là : de la rue Nicolas
vouloir t’y rendre armé tu aurais vraiment tort
car pour y affronter Lénina tu devras
utiliser ta tête et la force viendra.”
Devant ce bouquet rouge, du sang sec de sa proie.
Je reconnais bien-là le cachet de cette dame.
Mais désormais que faire ? Je suis là, sans une arme.
Coup de foudre immoral qui m’eut emmené loin
m’eut fait quitter famille cette équipe de gens sains.
Toujours m’eurent protégé de beaucoup de dangers.
Lénina à bien su me les faire quitter.
Aujourd’hui je le sais, son savoir-faire premier
est celui de pouvoir : manipuler l’idée.
Elle est l’unique personne qui aussi fort résonne
dans la tête de ceux qui l’entourent et l’écoutent.
A son contact les gens : changent d’avis puis donnent
tout leur temps, leur argent : des fins qui lui profitent.
Rares sont ceux qui résistent à cette toute puissance
à son don qui incite, qui insiste par essence.
De ceux là désormais fais-je partie pour toujours ?
Ceux qui ne se soumettent à ses moindres émois
de ses vœux doivent cesser de voir encore le jour,
connaître une fin tragique : la douleur, le trépas.
Vis à vis de moi-même je ne sais vraiment pas,
si c’est elle ou mon âme qui songe ce que je pense ?
Car elle est encore là au plus profond de moi,
d'ailleurs je m'en rends compte : cette arme sous influence
possession de celle-ci; ma mémoire altéra.
La voilà - regard froid - la détente je presse.
Voici ma participation au concours "dit moi dix mots" pour la bibliothèque de Caen.